Aah, les motos ! Dour et les motos, est-ce un dossier qui ne se fermera donc jamais ? 🙂
Et je ne veux pas parler ici du circuit moto qui, lui, a déjà fait couler beaucoup d’encre mais plutôt des motos et quads qui circulent sur nos terrils, principalement le dimanche.
Petit rappel et plaintes des voisins lors de la Réunion Citoyenne à Elouges le 2 avril dernier :
- les motos circulent sur les terrils n°4 et n°8.
- le terril n°4 appartient à la commune.
- Le terril n°8 appartient à un privé.
- Sur le n°4, des nouveaux panneaux y ont été installés, interdisant la circulation à tous véhicules. Malgré cela, les motards s’y rendent quand même.
- Pourquoi les tondeuses sont-elles interdites le dimanche alors qu’on laisse rouler les motos ? Guy Van Bidule apporte la réponse : parce qu’une tondeuse est un moteur thermique alors qu’une moto est un véhicule.
- Le seul « pouvoir » des policiers est d’arrêter le motard (s’il y arrive, vu toutes les échapatoires possibles sur un terril), de le contrôler et de l’obliger à pousser sa moto sur une certaine partie de la route Et je suis sérieux
- Au niveau du bruit, c’est une procédure particulière obligeant l’utilisation d’un appareil de mesure. A condition encore de pouvoir arrêter le motard.
- Peut-être que le projet de lotissements sur le terril du 8 (rue César Depaepe) diminuera la fréquentation des motos de ce côté.
- Mais toutes ces solutions ne feront que refiler la « patate chaude » à une autre zone de police. Elle nous reviendra par la suite.
- Moi, je vois une solution : il y a un terrain découvert juste derrière la station d’épuration. Ca serait l’endroit idéal pour y installer un circuit…
- D’après Isabelle Abrassart, Tournai aurait pris un arrêté. Ils vont lui en envoyer une copie.
- Sur le Terril Saint-Antoine (machine à feu), ce sont des quads qui y viennent. Des néerlandophones.
Après les plaintes de tous les riverains, il serait peut-être temps de donner la parole … aux motards et quadeurs.
Et c’est ce que MonDour.be a fait. Nosu avons rencontré Pierre Jaschko du club Team Quad Randos de Dour.
Cette rencontre a changé mon point de vue sur ce problème. Je vais donc essayer de vous livrer le résumé de cette rencontre telle que je l’ai perçue.
Pierre Jaschko avait préparé cet entretien, cela a drôlement facilité le travail. On a pû ainsi rentrer directement dans les détails.
Les machines :
Il y a plusieurs types de machines qui circulent sur les terrils : les 4×4, les motos et les quads. Et dans les quads, il y a deux sous-catégories : sportif et rando.
Les utilisateurs :
On trouve les locaux et les étrangers.
Pourquoi les étrangers viennent-ils dans notre région ?
Il y a deux raisons :
- nous possédons des terrils : une véritable aire de jeu pour ce sport
- la pratique du quad est interdite en Flandre.
Car ce sont bien les néerlandophones qui viennent principalement pratiquer le quad chez nous. Attention, je parle bien de quads et non de motos. Au niveau des motos, ce sont essentiellement des locaux.
Mais encore une fois, on peut trouver deux catégories de pratiques :
- les randos
- les entraînements
(ça fait beaucoup de catégories tout ça 🙂 )
Quand un motard fait une rando, il ne fait « que passer ». Il doit respecter certaines règles de conduite, une sorte de charte non définie, que chacun adapte à son escient.
Quant aux entraînements, ils se font au même endroit (sur les terrils) et provoque donc beaucoup plus de bruit que lors d’une randonnée.
Je vais résumer le résumé. Nous avons donc :
- les « étrangers » quadeurs
- les locaux d’entraînement
- les locaux de la rando
Les « étrangers » quadeurs :
> Même endroit
Essentiellement des flamands qui viennent en groupe, et qui restent à un seul endroit pendant toute la journée car ils ne connaissent pas notre région.
Et c’est là que le problème se situe avec eux. Pierre Jaschko m’explique que, comme ils ne connaissent pas la région, ils se posent à un endroit et pratiquent leur sport toute la journée. Et comme ils viennent en groupe, le bruit est décuplé.
Cela porte préjudice à tous les motards car cela leur fait de la mauvaise publicité. C’est bien connu, quand on ne connait pas, on englobe tout le monde dans le même sac.
> Petite anecdote : Pierre était avec des amis du club en train de boire un verre chez « Dolorés » à Montignies-sur-Roc. Un groupe de randonneurs étrangers arrivent, moteurs vrombissants et s’arrêtent pour se désaltérer. Quand on connaît l’endroit, c’est clair qu’on a envie de s’y arrêter 🙂 Quand ils sont repartis, ils ont fait vrombir leur moteur, crisser les pneus, … Y’en a même qui ont tiré en l’air et crié « Yihaaa » comme els cow-boys… nan, j’déconne.
Voilà, là encore une fois, cela donne une mauvaise image du bon et du mauvais motard.
Comme dans Les Inconnus avec le bon et le mauvais chasseur, chacun a sa propre définition du bon motard au sein du club.
> Passages interdits
Autre souci lié au fait qu’ils ne connaissent pas l’endroit, c’est qu’ils roulent à des endroits interdits. Ils s’en foutent puisque deux heures plus tard, ils seront sur la route pour le retour à la maison. Ils s’en foutent d’autant plus que la police n’a pas l’air de bouger. Ou ne sait pas comment agir. Mais ça, j’y reviendrais plus tard.
> Randos pirates
Qu’est-ce qu’une rando ? C’est un groupe de motards/quadeurs qui vont d’un point A à ce même point A en effectuant donc une boucle à travers les chemins d’une région.
Quand des motards/quadeurs se rendent dans une région étrangère, il est pratique courante qu’ils fassent appel à un guide. Si tout est fait dans les règles, ce guide aura demandé les autorisations à la commune, aux propriétaires de chemins privés, … Si le groupe se fait arrêter par des policiers, ils auront les preuves écrites du permis de circuler.
Mais, il existe aussi des guides qui organisent ces randonnés sans aucune autorisation. Ils offrent leurs services pour 35€ par machine ! Pas mal hein 🙂 Mais ne s’occupent pas des autorisations.
C’est également ce genre de personnages qui font du tort aux « bons » motards car les randos pirates circulent où ils veulent du moment qu’on ne les arrête pas.
> Des solutions ?
Interdire ce genre de randonnée pirate : Un site internet en particulier est bien connu. La police pourrait se tenir au courant de la tenue de rando pirate sur notre commune et réaliser une opération de contrôle. Comme ils ne seront pas en règles, il y a là un moyen de répression. La Police de l’Environnement pourrait elle aussi intervenir. Une opération en commun ?
Encore faut-il les arrêter : quand on sait qu’un convoi de 5 machines seulement (alors qu’ils viennent le plus souvent à une dizaine) fait déjà 200 mètres, il y a de la marge. Notre commune ne contient pas non plus une tonne de chemins praticables. Ils empruntent toujours les mêmes. Et le créneau horaire de passage peut aussi être calculer facilement.
Les locaux (motards) de l’entraînement :
Tout comme les « étrangers », ils restent au même endroit pendant 2 à 3 heures. Mais pas pour les mêmes raisons. Car si les quads étrangers restent sur un terril toute la journée, c’est principalement parce qu’ils ne connaissent pas notre région. Ils viennent passer un dimanche après-midi puis repartent.
Les motocross locaux y restent pour s’entraîner. Ils cherchent donc des buttes et les montent toute la journée.
C’est ce problème qui se pose sur le Terril n°4 à la rue de la Grande Veine à Elouges (voir le journal LaProvince d’aujourd’hui).
> La solution ?
Le passage étant interdit à tous véhicules sur ce terril (la commune a remis des panneaux à chaque entrée), la Police peut verbaliser. D’autant plus qu’il appartient à la commune.
Encore faut-il les arrêter : encore une fois, c’est le problème. Guy « Van Bidule » Van Britsom expliquait lors d’une Réunion Citoyenne qu’il y a tellement d’échapatoires qu’il est très difficile de les arrêter. Augmenter l’effectif ?
Leur seul moyen de pression est le contrôle systématique et « la seule sanction serait de les obliger à descendre de leur véhicule et de le pousser ». Oui mais m’sieurs-dames, sur un terril appartenant à la commune, le Conseil Communal pourrait imposer une amende forte, non ?
La réponse vient d’elle-même : les motards iront ailleurs mais le problème ne sera que déplacé. Ils s’entraîneront sur des terrils privés dont les propriétaires n’interdiront pas la fréquentation. Ils ne l’interdiront pas pour diverses raisons : les proprios ne sont pas de Dour ou le bruit ne les dérange pas ou ils ne sont pas conscient du problème.
La solution finale serait donc plutôt une discussion entre les différentes parties : les riverains, la commune, les motards locaux (puisqu’il paraît qu’ils sont connus) et la police. C’est une idée qui a germé lors de la Réunion Citoyenne d’Elouges. A suivre…
Les locaux de la rando :
Ils ne font que passer. Du moins, en théorie.
Allons-y gaiement dans els clichés. Nous avons les bons et les mauvais randonneurs :
> les « bons » randonneurs
- Ils préparent leur trajet à l’aide d’une carte IGN en utilisant les chemins autorisés.
- Quand ils arrivent près des habitations, ils ralentissent. Pour la sécurité des habitants mais aussi pour le bruit.
- Ils se regroupent à plusieurs. (parce que se regrouper tout seul, c’est dur 🙂 )
- Ils évitent les passages interdits et quand ils se retrouvent devant un, ils essaient de trouver un itinéraire bis.
- Ils respectent les bas-côtés.
> les « mauvais » randonneurs
- Sans préparer le trajet, ils vont à l’aventure..
- « Chtaming’, m’en fout des habitations, je lache les gaz ».
- Ils pratiquent seul leur sport. La fréquence des passages devant une même habitation est donc plus grande.
- Terrains privés : « j’ai juste 200 mètres à faire, ça va je vais passer ! »
- S’il y a un passage difficile qu’ils ne savent pas franchir, ils empiétent sur le champs.
Evidemment, ce sont des stéréotypes. Il ne faut parfois pas être plus catholique que le Pape et le passage d’une centaine de mètre d’un terrain privé pour rejoindre un chemin autorisé est pratique courante.
> Les solutions ?
- Les Clubs : ils servent à « instruire » les motards sur le code de conduite. Ils informent et préparent des randonnées groupées.
- La pose sur les chemins autorisés de panneaux du style « ralentir devant les maisons ». Au lieu des « interdit à tous véhicules ». Ce dernier ne résout pas le problème, il ne fait que le déplacer.
- La randonnée organisée permettrait de déplacer un plus gros groupe donc plus de bruit mais moins longtemps. Si un convoi de 10 motos mettra 5 minutes pour passer devant une maison, c’est mieux que 1 minute tout au long de la journée.
- L’information auprès de la population : informer les habitants que des randos sont organisées. Quand les gens sont informés, la pillule passe mieux. Cela évitera aussi que certains, excédés, installent des planches à clous ou des fils barbelés au travers du chemin… :-/
- S’il y a un passage difficile, les responsables de la rando obligent le passage à tout prix sur le chemin, et non dans le champs.
- Quand un club est identifié, les habitants qui voudraient se renseigner ou se plaindre auront les coordonnées d’une personne de contact. La communication règle 90% des problèmes.
Quand Pierre m’a parlé de cette solution, elle me paraissait idéale. Toutefois, je me demandais si cela n’enlevait pas un plaisir à certains motards. Et là encore, il avait la solution (il avait bien préparé l’interview le gaillard 🙂 ) :
> les randonnées flêchées ou en convoi.
Nous venons d’expliquer les randos en convoi. Et pour ceux qui n’aimeraient pas se déplacer en troupeau, il existe les randos flêchées. Le trajet est alors balisé. Les motards/quadeurs savent qu’ils découvriront « du pays », passeront par des chemins à difficultés (cela n’enlèvera donc pas le plaisir de se dépêtrer d’une difficulté comem un terrain boueux par exemple), en sécurité, … et ce dans un créneau horaire défini.
Evidemment, il y a des cons partout, qui entraveront les bonens conduites et « salieront » la réputation des autres. Mais là, c’est à la commune et la police à agir.
On pourrait encore parler des interdictions ministérielles, du Ravel, de la Police, … Dans un prochain billet sans doute.
—fin—
Ce billet fait partie de l’Opération « Focus Dour » du journal LaProvince et du site www.MonDour.be. Chaque jour, le journal aborde un aspect original, méconnu ou amusant de l’entité. Nous proposons sur notre blog des prolongements des sujets traités dans le quotidien. Un sujet, deux façons différentes de l’aborder.
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