Dictée Douroise 2012 : les dictées

Le week-end des 24 et 25 mars 2012, l’asbl MonDour organisait donc la finale des élèves de l’entité et la Dictée Douroise.

Si vous aussi, vous voulez vous tester, voici les textes qui ont été dictés.

La dictée de pré-sélection pour les élèves, la dictée de la finale et la dictée du dimanche.

Amusez-vous bien 😉

Dictée de pré-sélection :

Lune amie

 (Daniel Charneux, Nuage et eau)

Il restait souvent jusqu’à l’aube à suivre au firmament le voyage de la lune, s’endormant parfois comme bercé par sa mère dont il lui arrivait de distinguer le visage quand l’astre était plein, dilaté, gorgé d’argent et de lait, de tous les dons, de toutes les brillances, de tous les rayonnements.

Il l’aimait en toute(s) saison(s) : blanche, fragile et cristalline comme un flocon de neige, l’hiver ; bleutée, vaporeuse, irisée telle une opale quand le printemps emplissait la colline du souffle sucré des cerisiers roses ; laiteuse, argentée, alanguie dans la torpeur des nuits d’été ; rousse et verruqueuse ainsi qu’une citrouille, l’automne, cerclée d’un halo où hululait le grand-duc dont les yeux semblaient fondus dans un éclat de son or.

Dictée de la finale des élèves :

Le poète et le rocher[1]

(Daniel Charneux)

Enfin, il m’est apparu, ce « Caillou-qui-Bique[2] », comme un géant tombé du ciel, monolithe déchiré, découpé comme un puzzle, prêt à s’effondrer, à se défaire, à s’écrouler.

Je me suis approché : dans cette immense roche étaient emprisonnés des essaims de galets rougeâtres, de rugosités, comme une pâte que l’on aurait truffée de raisins de Corinthe.

J’ai posé les deux mains sur le bloc le plus proche, gris, lisse, oblique. Je me sentais écrasé devant cette muraille cyclopéenne, comme devant tout ce qui dépasse l’homme. En même temps, je me disais que ma grandeur était de surmonter ma petitesse, d’englober en moi la pensée de cet infiniment grand et, par là, de dépasser cela même qui m’écrasait.

À travers les frondaisons, le soleil naissant m’aveuglait de sa lumière. Les branches torses d’un vieux charme mêlaient leurs racines à la roche. L’arbre était, comme moi, vieux, tordu, noueux, couturé de cicatrices. Je les ai enlacés, pierre et bois soudés, même brun verruqueux, même lichen, même mousse. Et moi aussi, un jour, mousse et lichen…


[1] Extrait d’Émile et Marthe, Éditions de l’Institut du Patrimoine wallon, 2011.

[2] Le Caillou-qui-Bique où Émile Verhaeren, le narrateur, a vécu de 1899 à 1914. L’expression peut être écrite au tableau (tous les élèves ne connaissent pas ce lieu, et son nom n’est pas dans les dictionnaires).

Dictée Douroise :

Troisième dictée douroise  (25 mars 2012)

Les ouvrages de référence sont :

  • pour l’orthographe, le Petit Larousse illustré 2012, le Nouveau Petit Robert de la langue française et le Petit Robert des noms propres (éditions 2012) ;
  • pour la grammaire, le Dictionnaire des difficultés de la langue française, par Adolphe V. Thomas (Larousse).

N.B. Les rectifications prônées, en 1990, par le Conseil supérieur de la langue française ne seront prises en considération que dans la mesure où elles ont été entérinées dans la nomenclature de l’un des dictionnaires susdits.

Une balade au pays des terrils[1].

Les autorités douroises ont récemment inauguré le « triangle des stériles », une boucle pédestre de onze kilomètres qui forme un triangle dont les pointes sont les trois terrils majeurs de la commune boraine. Un triangle scalène, il est vrai, tant ses côtés, vus sur le plan, sont inégaux, boiteux, voire zigzagants. Parcourons-le par une belle après-midi de printemps : nous affronterons durant la balade des difficultés croissantes, comme dans une dictée aux pièges savamment dosés. Sillonnons d’abord les corons blottis autour de l’église, telles des épithètes accolées à un nom. Les chausse-trapes[2], ici, sont aisées à débusquer. Nos juniors les franchiront d’un pied allègre, d’une plume sûre[3]. Peut-être même nous offriront-ils un sans-faute ?

(Fin pour les juniors)

Empruntons le sentier qui longe un ruisselet dont le babil réjouit nos oreilles comme les fleurs nichées sur ses bords égaient nos yeux : jonquille, grémil et jacinthe jettent à l’envi leurs vives couleurs en un tableau sur lequel tranche parfois la rare fritillaire, comme une phrase complexe où se serait engouffré quelque hapax[4] égaré, seul de son espèce. Un pic épeiche tambourine sur le tronc d’un arbre mort, marronnier, châtaignier, sycomore ou cornouiller, et ce bruit monotone résonne à la surface de la terre comme retentissaient sous elle les rivelaines des houilleurs qui se sont succédé dans d’étroites galeries. Plus de mineurs, aujourd’hui, mais un ministre qui se ressource sur ces sentes où s’aventure parfois un daguet dardant ses jeunes andouillers.

(Fin pour les seniors amateurs)

Nous sommes prêts pour affronter les pentes ravinées du terril où les oiseaux les plus divers se sont donné rendez-vous : l’effarvatte au chant stridulant y côtoie le sizerin flammé, la sittelle accompagne volontiers la troupe des mésanges : huppée, nonnette ou rémiz ; la buse variable porte bien son nom, elle dont la robe va du ventre de biche au céruléen, de l’opalin à l’isabelle (on en a observé plus d’une qui alliait des rémiges tête-de-nègre à des camails brou de noix, dans un camaïeu de touches crème ou fauves qui parle au regard comme un participe bien accordé parle à l’esprit). À la cime de cette pyramide de caillasse, chacun prend une pause méritée : le chasseur siffle sa lice, le touriste prend la pose pour l’objectif d’un compagnon de randonnée, et le poète compose une ballade.

(Fin pour les seniors professionnels)

Daniel Charneux (avec la  précieuse collaboration de Christian Lelièvre)


+ Les tests

(ces tests servent à départager les éventuels exæquos ds participants)

1. Tous.

Par des layons moussus montant raide et ombragés par des guigniers entés, zigzaguant entre les yeuses feuillues, le promeneur solitaire écoute les phasianidés tels les faisandeaux criailler à qui mieux mieux. Les perdrix rouge vif cacabent bien imprudemment car le busard et le balbuzard ne sont pas très loin.

2. Tous sauf les juniors.

Détériorées par des croquants sans-gêne et malintentionnés, des pierres épannelées et épaufrées jonchent une clairière remplie d’écots mal émondés. Des topiaires taillées avec soin bordent des fascines de ramules bien découpés.

Je franchis un ponceau fait de dosses grossièrement équarries.

À mon approche, des glaréoles pie et des gambettes joliment colorés, mussés dans des acores fièrement dressés, s’envolent à tire-d’aile.

3. Professionnels et membres du Cercle d’or.

Un jardinier au hideux ecthyma, toraillant des troupe, perclus de rhumatismes, soigne avec amour ses plants quinés et ses brocolis à jets. Plus loin, ignoré des chemineaux et des badauds, un clerc obscur parle aux fiers œnothères et aux onagres fleuries se souciant fort peu des quatre-de-chiffre et des trébuchets placés là par des oiseleurs rusés.

Des asphodèles étoilés et des héliotropes parfumés abritent des rainettes sympatriques voisinant avec des rhynchites cuivrés. Des sarcophages velues – authentiques brachycères – sans doute ramenées d’Égypte, proies faciles pour les thomises et les théridions dissimulés dans des pilulaires élancées, sont posées sur un perré en ruine.

Isolé, un marsault obombre les ményanthes trilobés et les pélodytes assoupis.

Quand à la réalité s’ajoute le rêve, on entre alors dans un monde merveilleux qui fait léviter les gens désabusés les plus terre à terre.

(Christian Lelièvre)


[1] Ou « terris ».

[2] Ou « chausse-trappes », ou « chaussetrappes ».

[3] Ou « sure ».

[4] Ou « apax ».

Alors, vous auriez fait combien de fautes ? 🙂

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